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APREM#11: « Machines à fantômes »

5, 6, 7 novembre 2024: save the date !

L’idée que certaines forces mystérieuses puissent influencer ou interagir avec le monde physique est profondément ancrée dans l’histoire de l’humanité qui a, depuis des siècles, tenté de comprendre et maîtriser les forces invisibles qui l’entourent en utilisant des moyens variés pour communiquer avec l’invisible, voire avec l’au-delà.

Au 18e siècle, des tentatives de communication avec l’invisible ont commencé à prendre des formes plus « mécaniques ». À cette époque, le magnétisme animal et les théories du mesmérisme fascinaient de nombreux scientifiques et philosophes, certains croyant que des forces invisibles, non encore comprises, pouvaient être canalisées et observées.
L’invention du télégraphe, permettant de transmettre des informations à distance via des fils, avec un aspect presque magique, fut rapidement perçu non seulement comme une avancée technologique majeure, mais aussi comme un potentiel intermédiaire entre les vivants et des forces invisibles, voire des défunts.Thomas Edison, l’inventeur du phonographe s’est attelé à la conception d’un appareil conçu pour permettre la communication avec les morts en enregistrant leurs voix. Ce dispositif fut plus tard désigné sous le nom de « nécrophone » par le philosophe français Philippe Baudoin.
Le téléphone, la radio et les premiers enregistreurs audio furent tour à tour utilisés par des chercheurs et des passionnés du paranormal, pour capter ce que l’on appellerait au 20e siècle, les Electronic Voice Phenomena (EVP) – des sons interprétés comme des voix venues d’un autre monde.
Les tentatives de communication avec les esprits qu’elles soient mécanisées ou non perdurent encore aujourd’hui.

Avec les IA génératives, nous sommes face à une nouvelle ère. Ces technologies semblent capables de tenir des conversations si naturelles qu’on en oublie parfois que l’interlocuteur n’est pas humain. Mais à qui parle-t-on vraiment lorsque l’on dialogue avec une IA comme ChatGPT ? Peut-on dire que l’IA simule la conscience ou touche-t-elle à quelque chose de plus profond, une forme d’interaction inédite avec l’inconnu ? L’idée de « ressusciter » des individus via des répliques numériques (deadbots) pousse la réflexion encore plus loin, brouillant à nouveau les frontières entre le monde des vivants et celui des morts.
Comment nos machines influencent-elles notre perception et ce qui échappe à nos sens ?
Lors d’APREM#11, nous vous inviterons à explorer ces intersections troublantes entre l’intelligence artificielle et les mondes occultes. À travers un voyage historique et artistique, nous questionnerons le rôle des technologies dans notre quête de compréhension de l’invisible.
Nous accueillerons, dans le désordre et sans précision de leurs pratiques, des artistes, des chercheurs, des chercheuses, des professeur.e.s d’écoles artistiques, un illusionniste spécialisé en magie bizarre, un commissaire d’expositions..

Programme complet ci-dessous.

Les 5, 6, 7 novembre 2024 à la Fabrique de Théâtre / Gratuit / Réservations (bus, journées, repas) souhaitées > bonjour@fabrique-theatre.be / bus aller-retour Bruxelles.

Programme du mardi 5 novembre

10h45 – RDV pour le bus à Bruxelles (entre le 8 et le 18 boulevard Berlaimont – à 500 m de la Gare Centrale, près de Bpost)

11h – Départ du bus depuis Bruxelles vers Frameries

13h – Repas

14h – Fantômes et farfafouilles, les machines à fantômes / Serge Hoffman.

Conférence/performance d’initiation aux concepts de base de l’IA où les imaginaires sont convoqués et les fantômes invoqués (peut-être).

Serge Hoffman est artiste, collectionneur, responsable pédagogique et professeur dans le département des Arts numériques de l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles, département qu’il fonda en 2002.

15h30 – Création en collaboration avec des outils AI – quelques pistes et voies de garage / Thomas Israël.

« Ne cherche pas à plier la cuillère, c’est impossible. Apprends plutôt à comprendre la cuillère, et peut-être te nourrira-t-elle. »Thomas Israël propose une exploration empirique et ludique de multiples outils de création assistée par IA. Nous examinerons leurs biais et leurs limites, tout en réfléchissant à nos propres biais face à ces technologies. L’objectif est de lancer des pistes d’utilisation personnelle et originale de ces technologies, en évitant les pièges et en multipliant nos potentiels créatifs.

Thomas Israel est un artiste qui a une approche transdisciplinaire des arts numériques qui s’articule autour de thèmes sociaux et humanistes, du corps, du temps et de l’inconscient.

16h30 – Pause

17h – L’être plus / Stéphanie Solinas

Sur son ouvrage « L’être plus » Editions du Seuil + lectures d’extraits

Stéphanie Solinas est artiste plasticienne, autrice et chercheuse, Stéphanie Solinas développe une œuvre plurielle, à la croisée de la photographie, du livre et de l’installation.

Pendant cinq années, Stéphanie Solinas a enquêté sur les routes de l’Ouest américain, berceau commun de la Silicon Valley et du New Age, pour connecter des lieux et rencontrer des individus choisis qui fabriquent l’humain « augmenté » du futur, entre spiritualité, intelligence artificielle et quête d’immortalité.

18h30 – Les instruments de communication avec les esprits entre 1848 et 1980 / Christian Chelman 

Le rapport entre les inventions « modernes » du XVIIIe siècle et les moyens de communication avec l’au-delà (depuis le télégraphe, jusqu’aux machines parlantes), les appareils « truqués » et les jouets spirites.

Christian Chelman est licencié en éducation physique et agrégé de l’enseignement secondaire supérieur (ULB). Il enseigne pendant 10 ans avant de changer d’orientation et devenir illusionniste professionnel. Fasciné par la littérature et le cinéma fantastiques, il se pose un jour la question de la réalité de l’existence de la magie dans le monde. Il va donc explorer ces mondes étranges et ramener de ses expéditions un nombre incalculable d’objets et de témoignages étranges.

20h15 – Repas

21h30 – Départ du bus de Frameries vers Bruxelles

Programme du mercredi 6 novembre

10h45 – RDV pour le bus à Bruxelles (entre le 8 et le 18 boulevard Berlaimont – à 500 m de la Gare Centrale, près de Bpost)

11h – Départ du bus depuis Bruxelles vers Frameries

13h – Repas

14h – IA 53 recettes chics et gourmandes pour les fêtes de l’Apocalypse / performance de Magali Desbazeille et Julie Valero

Magali Desbazeille, artiste plasticienne qui aime faire le grand écart entre des commandes publiques qui mettent plusieurs années, qui font 12m de long, pèsent 1,5 tonne de métal et impliquent une grande équipe…et des performances pour lesquelles elle charge toute seule sa voiture et elle y va… – voilà.

15h00 – Y a-t-il un fantôme dans l’IA ? / Jean-Marie Dallet

Il apparaît que les fantômes ne sont pas simplement ces êtres qui morts viennent hanter le présent et faire douter de la séparation entre les mondes réel et virtuel, mais ils sont aussi ces présences qui en creux, autrement dit par omission, mensonges, réduction, dessinent et orientent nos représentations contemporaines par les intelligences artificielles.

Jean-Marie Dallet est artiste au sein du collectif SLIDERS_lab, commissaire d’expositions et Professeur des universités à l’École des Arts de la Sorbonne, Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est codirecteur du Master pro en alternance Management de l’Innovation Arts & Industries Créatives et coresponsable de l’axe de recherche Arts, Sciences, Sociétés, de l’Institut ACTE.

16h30 – Pause

17h – L’exposition comme espace d’interpolation / Damien Simon 

La  pratique curatoriale de Damien Simon est marquée par la présence du sonore et l’influence de sa culture musicale. Par culture musicale, il n’entend pas seulement la constitution d’un savoir cumulatif encyclopédique lié à la musique, mais la façon dont celle-ci est une porte d’entrée vers d’autres pans de la culture, souvent dite populaire, liée aux arts visuel, à la littérature de fiction, au cinéma, mais aussi à l’occulte et au fantastique.
Dans ses programmations, créations d’expositions collectives, la littérature fantastique joue un rôle important. Elle impacte sur une construction narrative de celles-ci,  permettant de  considérer l’espace d’exposition comme un espace constitué de couches invisibles abouchant fictions et réalités où se percutent le savant, l’érudition et les sous-cultures.

Damien Simon, après des études d’histoire de l’art médiéval dédié à l’iconographie dans les manuscrits cosmographiques, est devenu en 2008 directeur artistique à Rennes du Bon-Accueil REVERB.

18h30 – Pause

19h – In the darkness / Carte blanche à L’ERG (Ecole de Recherche Graphique – Bruxelles) – Une proposition conçue par Eglantine Chaumont & Lucille Calmel
Pour APREM, durant quelques heures lors d’improvisations au sein du cours d’installation performance bachelors à l’ERG de ce tout début d’année, les étudiantxes ont cherché dans le noir des manières d’invoquer et vous proposent le partage de ces expériences.

Avec les étudiant.es en installation performance bachelors de l’erg : Alana-Janis Quillivic, Alex Dispot, Alyssa Havé, Axel Lahaut, Bela Brillowska, Charlie Gadenne, Charlot Duhez-Harlé, Elisabeth van Goethem Sgarioni, Enzo Dainotti, Ernesto Thielemans, Esperanza Mbappe Ruiz, Féli le Naëlou, Hady-Salomé Dahan, Harry Evrard, Jaufré Goumet, Julia Poulin, Juliette Prugny Lebras, Lou Klein, Lou Lindenbaum, Malia Rey-Fayet, Matteo Tenisc, Natasha Lui, Olga Reutova, Roxane Quenelle, Sarah Jacques, Vallen Amiel Fourtas, Wannes van Looy, Zoé Liger,,,
https://wiki.erg.be/w/Installation/Performance_(BA)

20h00 – Repas

21h30 – Départ du bus de Frameries vers Bruxelles

Programme du jeudi 7 novembre

10h45 – RDV pour le bus à Bruxelles (entre le 8 et le 18 boulevard Berlaimont – à 500 m de la Gare Centrale, près de Bpost)

11h00 – Départ du bus depuis Bruxelles vers Frameries

13h – Repas

14h00 – Le fantôme associé aux IA / conférence de Shin Minseo, doctorante (France)

Fantôme : l’humain à l’ère de l’intelligence artificielle

Qu’est-ce qu’un fantôme ? Au sens général, le fantôme désigne l’âme du défunt. Mais est-ce tout ? L’être du fantôme est intrinsèquement un non-être. Mais, paradoxalement, ce non-être évoque l’obsession d’être chez les humains : même après la mort, les hommes veulent indéfiniment poursuivre leur vie. Aujourd’hui, le fantôme n’est plus l’apanage des morts. L’humain et le non-humain, le non-être (science, technologie ainsi que l’IA) ne sont plus distinguables et, dans le même temps, l’idée de l’identité humaine fixe se détruit. La conscience et le corps humains sont constamment influencés par une technologie et une science avancées. En empruntant le langage du film Ghost in the Shell (1995), on envisage la plasticité humaine dont les limites corporelles et mentales sont continuellement redéfinies à l’aide de concept du fantôme, qui représente cette incertitude existentielle.

Minseo Shin: Née à Séoul, Corée du Sud, en 1996, elle est artiste plasticienne et doctorante à l’École des arts de la Sorbonne.

15h00 – Voix invisibles, voies émergentes : une brève histoire de la médiumnité féminine / Stéphanie Peel

Qu’ont en commun Chat GPT et les tables tournantes ? En interrogeant une entité invisible, ne répétons-
nous pas des gestes anciens ? Cette présentation explorera l’histoire longtemps occultée du spiritisme et de la médiumnité, en s’interrogeant sur leurs implications sociales, technologiques et artistiques.
Stéphanie Peel est chercheuse à l’Université libre de Bruxelles. Après un double master en Langues et littératures françaises et romanes, ainsi qu’en Relations publiques, complété par une formation en Études de genre, elle a travaillé de nombreuses années comme chargée de communication au Théâtre royal de la
Monnaie, l’opéra de Bruxelles. Aujourd’hui, elle consacre ses recherches aux liens entre ésotérisme, féminismes et littérature.

16h30 – Médiums et technologies occultes / Claire Williams

Les médias et archéologies occidentales ont été influencés par les femmes médiums qui explorent les invisibles, collaborant et inventant de nouvelles façons de communiquer sans fil entre la moitié du XIXe et le début du XXe s. Elles utilisent des corps, fluides, ondes, psyché, électricité, artisanat, électromagnétisme, radios, énergies occultes au sein des sciences expérimentales et occultes pour se connecter au cosmos, à la terre, aux humains et plus qu’humains, aux entités, fantômes, à l’extraterrestre, à
l’étrange et l’inconnu. Nous considérerons leurs héritages technologique technologiques pour penser d’autres façons d’écouter, sentir, habiter et communiquer avec les invisibles.
Claire Williams, artiste numérique, travaille actuellement en duo dans « Les Æthers » qui collectent et réactivent les pratiques des invisibles retrouvés dans les archives des sciences occultes et
expérimentales du XIXe XXe siècle.

18h00 – Conclusions et apéritif (bar)

19h00 – Départ du bus de Frameries vers Bruxelles