APREM#4: ÉCOLOGIE DE L’INTERNET : POUR UNE TROISIÈME ÉPOQUE DU WEB

« En rappelant que l’écologie est l’étude des êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux se pose immédiatement la question de la situation de l’écologie de l’Internet.

Au delà de son succès technique, qu’advient-il de l’humain immergé dans le Web 2.0 ? Et si poser la question est y donner des réponses dont aucune n’est rassurante, faut-il, à l’instar d’écologistes prétendument radicaux selon qui « c’était mieux avant », jeter le bébé du Web avec l’eau de sa colonisation par quelques grandes multinationales se jouant des cultures, des savoirs, des intelligences collectives?

Car laissé intégralement au marché, le Web 2.0 est devenu, en l’espace de quelques années seulement, la propriété quasi exclusive des GAFA, Google, Amazon, Facebook, Apple, les « Chevaliers de l’Apocalypse » du numérique. Vivant directement d’une propagation du consumérisme qui requiert de court-circuiter les constructions culturelles, celles qui font que les Humains sont d’étranges animaux transformant leurs pulsions en désirs et en entreprises, les GAFA ne font pas que surfer sur la vague du Net : ils ont un besoin vital de produire et créer sans cesse ce que le philosophe Bernard Stiegler appelle la misère symbolique, c’est-à-dire, notamment, la « dissociation entre des individus producteurs de symboles et la grande masse de ceux qui les reçoivent en ne pouvant que les consommer, sans en produire à leur tour ».

Tel quel, le Web 2.0 pourrait bien courir à sa perte, le syndrome du « Blues du net » étant le signe avant coureur d’une possible désaffection massive à l’égard de l’Internet. On pourrait s’en réjouir, sauf à interpréter cette possibilité comme le simple éloignement de la boite d’allumettes du pyromane, les dégâts causés étant faits pour durer longtemps, à considérer que l’histoire peut faire marche arrière et à abandonner telle une usine désaffectée le Web et les espoirs fondés en lui au milieu des orties et de la nature qui reconquérait ses droits. »

Jean-Claude Dargeant

Jeudi 16 octobre 2014

• 15h00 – Introduction – Valérie Cordy, Jean-Claude Dargeant
• 15h30 – Bernard Stiegler – Web sémantique et Web herméneutique
• 18h00 – Thomas Cheneseau – Travail artistique
• 19h00 – Ludovic Duhem et Bruno Abt – Résonner, au risque de l’improvisation
• 21h15 – Léa Rogliano – Carnet de voyage virtuel en Corée du Nord

Vendredi 17 octobre 2014

• 15h00 – Laurence Baclin – Infrastructure de réseaux interconnectés
• 16h00 – Quentin Noirfalisse – Du deep web au darkweb, hacktivisme dans les entrailles du réseau
• 17h20 – Harry Halpin – Le Web qui vient : de la NSA aux Communs
• 18h20 – Eric Schrijver pour Open Source Publishing – Le pantalon moulant et les mathématiques : résister au geek
• 19h10 – Stany Cambot – Travail d’Echelle Inconnue
• 21h30 – Yvain Juillard / Performance – Apprendre à apprendre à une machine

Samedi 18 octobre 2014

• 15h00 – Philippe Baudelot
• 16h00 – Albertine Meunier et Julien Levesque – artistes Datadada
• 17h20 – David Guez – Mémoire numérique et conservation
• 17h50 – Thibaud Croisy et Elise Simonet – Une putain de communication
• 19h20 – Vincent Paesmans – Imposture?
• 19h40 – Table ronde des observateurs

A voir en parallèle – Installation de Léa Rogliano
Observateurs : une classe d’étudiants de Saint-Luc à Tournai, L’école de régie de la Fabrique de Théâtre, Franck Bauchard, Jacques André.